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Par ce que tout ne se passe pas toujours comme nous l'avions prévu... Voilà quelques conseils, quand

une difficulté arrive ...

 

Les Articles :

 

 

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Une Vipère au coin de la prises

Le danger des serpents en Europe est bien moindre que dans les fantasmes les plus anciens de l'homme. En revanche, le risque potentiel d'une morsure de vipère ne doit pas être négligé. Les randonneurs et les grimpeurs sont particulièrement exposés.

 

La basse vallée de la Durance recèle un trésor naturel avec la falaise des Mées, curiosité géologique formée de monolithes calcaire semblables à d'immenses cheminées de fées de plus de 150 mètres de haut. La falaise calcaire est parcourue par de nombreuses voies d'escalade que les grimpeurs locaux parcourent avec bonheur, dés les beaux jours . Avec le printemps qui revient, Pierre et Mathieu décident de se rendre sur le site afin de renouer avec leur occupation favorite, l'escalade.

Après quelques courtes voies d'échauffement, ils décident de s'attaquer à une voie de plusieurs longueurs en réversible. Dans la seconde longueur, Mathieu âgé de 22 ans, se concentre sur un passage clé, légèrement surplombant, et pose sa main gauche le plus haut possible, dans une fissure horizontale: il ressent un contact avec une forme mobile "animale" immédiatement suivie d'une violente douleur au niveau du pouce, lui donnant l'impression qu'on lui a écrasé le doigt.

Sans avoir pu visualiser le responsable, Mathieu évoque tout de suite une morsure de vipère et avertit son compagnon de cordée. La douleur est intense, continue et très invalidante. Mathieu a bien besoin de l'aide de Pierre pour parvenir à redescendre en bas de la paroi. En à peine 20 minutes, ils regagnent le parking d'où ils se rendent en voiture à Marseille, dont ils sont originaires, et rentrent à leur domicile !

En réalisant que 2h30 après la morsure suspectées; le gonflement du membre supérieur atteint le coude et que la douleur devient intolérable, les deux amis décident de se rendre aux urgences du CHU de Marseille. L'entrée a lieu 3h30 après l'accident et l'examen médical permet d'identifier un oedème qui dépasse maintenant le coude. Le reste de l'examen clinique est sans particularités, normal au niveau de la conscience, de la respiration et de la tension artérielle.

Une demi-heure après l'hospitalisation, Mathieu présente des nausées rapidement suivies d'un épisode de vomissement. L'équipe médicale du CHU étiquette l'envenimation du grade 2, correspondant à une gravité modérée, avec un oedème qui s'étend et des signes généraux, c'est-à-dire qui "débordent" le cadre du membre touché, en l'occurrence des vomissements.

Auparavant, elle a noté la présence au niveau de la main de deux traces de crochets distantes de 8mm, qui représentent avec la douleur au moment de la morsure les deux signes les plus pertinents dans la recherche de l'origine d'une morsure pour l'attribuer à une vipère.

Il est décidé d'administrer à Mathieu un antivenin spécifique, composé d'immunoglobumines purifiées qui permettent une neutralisation rapide du venin. Le produit utilisé est le Viperfav, utilisé en perfusion intraveineuse et uniquement disponible dans les grands centres hospitaliers, en particulier ceux comportant un centre antipoison, du fait d'un coût élevé.

Cinq heures après l'envenimation, le patient reçoit une dose de Viperfav, et les nausées, vomissements cessent dés la fin de la perfusion, tandis que l'œdème commence à régresser trois heures plus tard. A la douzième heure, l'œdème a régressé au milieu de l'avant bras, mais un hématome prenant tout le pouce se développe, qui ira en s'étendant sur la moitié de la main et la face interne du bras, alors que l'œdème se résorbera dans le même temps, jusqu'à la 24 ème heure.

L'état du patient étant stable, et rassurant, il quitte l'hôpital le surlendemain, et son hématome persistera jusqu'au cinquième jour.

Mathieu ne gardera aucune séquelle, si ce n'est une tendance à faire du bruit lorsqu'il grimpe, ce qui engendre les railleries de ses camarades de cordée !

CE QUE VOUS DEVEZ FAIRE EN CAS DE MORSURE

L'envenimation vipérine est une éventualité rare, mais grave, car son évolution est difficile à prévoir. La morsure est extrêmement brève, ressentie comme un "coup de marteau", et correspond à l'injection sous pression d'un venin très toxique, détruisant les protéines des tissus. Elle génère des phénomènes inflammatoire extrêmement puissants et rapides. Ceci explique l'œdème rapide et extensif, qui représente à lui seul un élément de gravité. En gros : plus sa gonfle, et plus vite sa gonfle, plus c'est grave. L'existence de signes affectant l'état général est également un signe de gravité, puisqu'une baisse de tension artérielle, des nausées ou des vomissements, ou plus encore une diarrhée constituent d'authentiques éléments de gravité, permettant de "coter" l'envenimation à un grade élevé 2 ou 3.

Les gestes à retenir :

1- Éviter le suraccident si le terrain est dangereux.

2- Rassurer et mettre la victime au repos.

3- Authentifier si possible la morsure (recherche des traces de crochets), la localiser.

4- Évaluer la présence de signes généraux = gravité (vomissements, malaise, baisse de tension).

5- Transmettre l'alerte par appel au 112, 15, 18 ou n° local du secours en montagne. Dans le cas de l'absence de moyens téléphonique, en milieu isolé, on peut faire marcher le patient porteur d'une morsure d'un membre supérieur. Dans le cas d'une morsure aux membres inférieurs, laisser la victime au repos ou, à l'extrême limite, la transporter par un moyen de fortune si les secours ne peuvent vous atteindre.

6- Si l'on dispose de neige ou de glace (la vipère aspic vit jusqu'à 3000 mètres), appliquer du froid sur le lieu de la morsure, a cause de l'effet favorable sur la douleur et l'œdème.

7- Désinfecter la plaie à la Bétadine ou la Chlorexidine.

Les gestes et traitements classiques qui n'apportent rien :

1- Les système d'aspiration type Aspivenin sont inefficaces car le venin injecté sous pression est incapable de ressortir de l'organisme ou il diffuse extrêmement rapidement.

2- Les injections sous-cutanées d'anticoagulant ou de corticoïde, historiquement conseillées dans les ouvrages médicaux ne servent à rien !

Les gestes médicaux pratiqués à l'arrivé du médecin :

1- La médicalisation et l'hospitalisation sont indispensables du fait des risques d'aggravation des signes cliniques et de leur implications sur le pronostic.

2- Le transport est généralement héliporté, sauf en condition météo de vol impossible, afin de rapatrier au plus vite ce type de patient vers un service hospitalier apte à traiter ce genre de pathologie.

3- Désinfection, glaçage, mise en place d'une voie veineuse pour administrer des perfusions et des médicaments contre la douleur sont les geste essentiels pendant la prise en charge pré-hospitalière.

4- Seul un service hospitalier est à même de mettre en route un traitement antivenin spécifique après graduation et recherche des signes de gravité.

Conclusion 

On ne constate que quelques envenimations vipérines en France par an qui guérissent généralement sans séquelles. Les rares accidents mortels surviennent en cas d'injection du venin dans un vaisseau sanguin, éventualité rare mais gravissime, ou lors de morsures concernant des enfants dont la faible masse corporelle renforce la gravité de l'envenimation.

J.Blanchard, Montagne magazine n° 281 mai 2004