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Les secours

 

Par ce que tout ne se passe pas toujours comme nous l'avions prévu... Voilà quelques conseils, quand

une difficulté arrive ...

 

Les Articles :

 

 

- Une Vipère au coin de la prise.

 

- Le syndrome du harnais.

 

- Le secret de la rimaye 

 
 
 
   
 

 

 

Le secret de la rimaye

 

Dans notre imaginaire, mais aussi parfois dans la réalité, les crevasses conservent de lourds secrets. En portant secours à une cordée en juillet 2005, les secouristes de la Bérarde ont fait une surprenante découverte dans une rimaye. Aucune course sur glacier ne doit être considérée comme anodine.

 

 

Le 16 juillet 2005, le CRS secouriste d'astreinte téléphonique au poste de la Bérarde reçoit un appel du détachement de Briançon faisant état d'une demande de secours dans la voie de descente des Rouies, au niveau du glacier du Chardon (Isère). La demande concernait une personne tombée dans une crevasse ainsi qu'une autre bloquée sur les barres rocheuses...

 

L'hélico décolle avec à son bord deux secouristes. Quelques minutes après le décollage, une personne arrive au poste de secours exténuée, après une descente en courant. Elle confirme la chute d'un alpinisme dans une rimaye.

 

Arrivée sur place, l'hélicoptère se heurte à des difficultés de localisation, et le pilote décide de repasser à la Bérarde pour embarquer le témoin ainsi qu'un troisième secouriste. Après avoir déposer deux CRS, l'hélico achemine secouristes et témoin jusqu'au lieu de l'accident.

 

Une jeune femme est découverte bloquée sur un rocher poli à 45° d'inclinaison environ, sur une vire étroite de 50 cm de large environ et moins d'un mètre de long. Elle est visiblement parvenue à ce niveau en suivant une succession de petits ressauts de plus en plus étroits, sur la zone d'abrasion latérale du glacier, désormais vide après le recul glaciaire. En dessous d'elle, la pente s'accentue au delà de 50° puis débouche sur un toboggan infernal d'environ 70 mètres de hauteur.

 

Le témoin à bord raconte :  il a entendu des cris puis vu un alpiniste glisser depuis la vire étroite jusque dans la rimaye. L'alpiniste est resté bloqué sur un bouchon de neige à une quinzaine de mètres de la surface du glacier. Il a pu lui parler en se penchant sur le bord de la crevasse et lui jeter une couverture de survie. Ce témoin est alors descendu vers la Bérarde. Sous le refuge du Carrelet, il a rencontré deux promeneurs qui on pu donner l'alerte.

 

LE pilote  treuille immédiatement le secouriste près de la jeune femme, au niveau de la vire, un autre est treuillé près de la rimaye.

Il installe un amarrage sur la lèvre du glacier et commence à descendre dans la rimaye jusqu'à un bouchon de neige situé quelques mètres en contrebas. Au delà une sorte de tube dénommé moulin en glaciologie, continue sur 1,5 m de diamètre et plus de 10 m de hauteur. Le secouriste progresse dans l'obscurité, la vision devenant limitée à cause de la vapeur d'eau due à la condensation .

 

Plus bas l'espace s'élargit, mais le vide continue sur une hauteur totale d'environ 50 m. Arrivée en bout de corde, le secouriste est contraint d'effectuer un rajout de corde pour arriver au fond de la crevasse. Là il voit une forme rouge surmontée d'un sac à dos. Le secouriste s'abrite comme il le peut des chutes de pierres provoqué par le treuillage à la surface. Enfin il peut accéder à l'accidenté, partiellement immergé dans le torrent sous-glaciaire et visiblement décédé du fait du grave traumatisme crânien, avec une plaie importante.

 

Énigme

 

Tandis qu'il procède à l'examen de la zone et aux constatations nécessaires à l'enquête, le secouriste aperçoit à la lueur de sa frontale une forme allongée éloignée de quelques mètres par rapport à la victime. En se dirigeant dans cette direction, il voit tout d'abord une gourde puis, à son grand étonnement un second corps, visiblement décédée depuis plusieurs jours ... Dans le fond de cette crevasse il vient de résoudre une énigme.

 

En quelques secondes, il évalue la stratégie à adopter. En contact radio avec le second secouriste à l'air libre, il demande du renfort.

Tandis que l'hélicoptère se rend à l'Alpes d'Huez pour embarquer les secouristes et le médecin nécessaires, les acteurs du secours en montagne comprennent qu'ils viennent de retrouver l'alpiniste dont on était sans nouvelles depuis le 1er juillet et déclaré disparu après de veine recherche.

Cette personne avait quitter le refuge du Pigeonnier le 30 juin pour traverser les Rouies. Le gardien lui avait demandé de signaler son arrivée dans la vallée du Vénéon par un coup de fil, qui n'est jamais arrivé. Le gardien avait prévenu les secours qui n'avaient rien trouvé.

 

Une fois  la totalité des sept secouristes sur place, deux sauveteurs mettent en place des cordes statiques pour rejoindre le premier secouriste. Ils commencent à remonter les deux corps par un système de balancier.

 

Entre temps la jeune femme a été évacué  vers le poste de secours et commence à donner des détails sur les circonstances de l'accident.

Avec trois amis, elle a dormi au refuge du Pigeonnier. La cordée qu'elle formait avec son compagnon était peu expérimentée. Ils ne parviennent pas à suivre deux autres amis jusqu'au sommet des Rouies. A la descente, les deux alpinistes amateurs rencontrent une cordée qu'ils suivent. Mais trop fatigués, ils refusent de remonter les 150 m de dénivelé au niveau du pas de l'Âne. Livrés à eux-mêmes, avec un piolet pour deux et un seul casque, ils suivent les bords de l'auge glaciaire, de plus en plus lisse et de plus en plus pentue.

 

Ils sont alors bloqués et épuisés. Son compagnon décide de descendre la pente rocheuse lisse pour prendre pied sur le glacier. Mais il ne peut ralentir sa chute et tombe dans la rimaye... Dans un premier temps, il s'immobilise sur le bouchon de neige. Passant à proximité, un autre alpiniste peut lui parler et lui envoyer une couverture de survie. Il dispose bien d'une corde de 25 m, mais sans grande expérience il préfère sans remettre à des professionnels qu'il court prévenir dans la vallée. Pendant ce temps, l'alpiniste tente de sortir de ce pétrin par ses propres moyens. Mais il fait une glissade mortelle jusqu'au fond de la rimaye. Quinze jours plus tôt, l'autre alpiniste à certainement vécu la même mésaventure...

 

 

 

 

Ce qu'il faut retenir ... les risques sur glacier.

 

Outre l'étonnante anecdote de la seconde victime, l'histoire de ce secours témoigne d'improvisations malheureusement fréquentes sur des glaciers, dont on sous-estime parfois le danger. La première victime était partie seule, ce qui, ne lui laissait quasiment aucune chance d'être secourue en cas de problème. La cordée redescendant des Rouies n'avait vraisemblablement pas l'expérience suffisante pour juger de l'itinéraire, ni le matériel nécessaire pour prévenir une chute en crevasse. Enfin le premier témoin du drame, lui aussi seul, n'a pas eu le réflexe de lancer sa corde pour au moins éviter que la victime ne chute plus bas.

Sur le plan médical, les chutes en crevasse ou en rimaye donnent souvent lieu à des lésions gravissimes. Aux traumatismes graves s'ajoutent souvent des lésions d'hypothermie dues au contact avec la glace ou avec l'eau froide...

L'évolution sur glacier ne doit pas s'improviser. Le risque de chute en crevasse est d'autant plus important qu'il n'est pas très perceptible.

 

Pour évoluer sur glacier, il faut avoir le matériel de progression et de secours nécessaire en cas de chute en crevasse, (corde, mousquetons, autobloquants, etc...). Dans la plupart des configurations, a fortiori à pied, il faut bien sûr évoluer encordé. En cas de chute, il faut d'abord enrayer cette chute et tout faire pour que la victime ne descende pas plus bas (immobilisation du haut, ou pose d'une broche dans la crevasse). Ensuite il faudra mettre en pratique les techniques d'auto sauvetage du bas, si la victime peut se prendre en charge, ou du haut par mouflage. Sans être ardues, ces techniques sont complexes. Elles demandent un apprentissage et un entraînement régulier.

Source : Montagnes Magazine N° 309, texte : J. Blanchard